Quête de vision chamanique
« Guérir c’est retrouver la beauté du monde »
Tout doucement, je rentre d’un rituel initiatique chamanique traditionnel, appelé quête de vision. Quatre jours et quatre nuits dans une petite hutte en pleine nature, dans le noir, en silence, sans manger ni boire. Le processus est tellement intense, profond, bien au-delà du dicible, que la ligne est ténue pour tenter de le partager avec justesse, sans rien abîmer, sans rien trahir. Le processus est aussi très personnel, profondément transformateur... C’est comme un retour dans le ventre de la Terre Mère, comme mourir à soi et renaitre au monde.
J’ai été marquée par la puissance, la force de l’espace de guérison qui s’ouvre, simplement en s’asseyant dans le noir et le silence complets. Le Noir et le Silence comme Médecine du corps, de l’esprit et de l’âme. Tant de soin reçus dans cet espace hors du temps, coupé du monde… La vision devient beaucoup plus claire dans ce noir dense, comme si le scenario de ma vie s’éclaircissait peu à peu sous mes yeux fermés. Alors je pouvais à nouveau entendre, entendre toutes les bénédictions, tous les messages. J’écoutais la Nature qui vibrait autour de moi et petit à petit, je me sentais de plus en plus en lien avec la Terre, en harmonie avec tous ses sons, de plus en plus calme, tranquille. Quatre jours et quatre nuits hors du temps, si doux, si apaisants… Dans le noir et le silence, sans rien faire ni rien attendre, une puissante voie de guérison intérieure s’ouvre.
Dans cet espace hors du temps, je me suis reconnectée à la force de la prière. Pas la prière récitée automatiquement, sans attention, mais la prière qui vient du cœur, sincère, spontanée, celle qui remercie, celle qui nous connecte à bien plus grand que nous. Prier sans rien demander, sans rien attendre. Dans ce rituel chamanique la prière est tout à fait centrale : la quête de vision débute par un long temps de prières, avec la préparation de quatre cent-cinq prières qu’on associe dans de petits baluchons de tissus à du Tabac sacré et qu’on noue au fur et à mesure sur un fil rouge. Ce fil de prières est disposé en cercle autour du quêteur pour le protéger pendant ces quatre jours, seul dans la nature. J’ai expérimenté avec étonnement la force que contenaient ces prières, leur pouvoir de protection, de soutien. Aujourd’hui je sais qu’à chaque instant je peux me reconnecter à cette force, à chaque instant je peux prier librement, spontanément et me relier à cette dimension infinie à l’intérieur de moi, loin des agitations de mon mental. Et la vie prend réellement une autre dimension quand elle est habitée par la prière...
Doucement, je reviens de ce voyage intérieur… Doucement, j’intègre les enseignements reçus, les visions, les soins. Je prends le temps de les chérir, de les nourrir à l’intérieur de moi pour les déployer avec force et tisser de nouveaux liens avec la beauté du monde.